Dans la tête de la jeunesse chinoise
Notre nouveau copain chinois s’appelle Jia.
Son nom français, c’est Napoleon. Nous l’avons rencontré chez IKEA la semaine dernière, en lâchant un « putain! » devant le prix exorbitant d’une lampe de bureau.
Mercredi, nous passions la soirée avec lui et son pote Maxime. Ils parlent tous les deux très bien français. C’est la que ça devient intéressant.
En une soirée, nous accédions enfin au mode de pensée des jeunes chinois. Leur intérêt pour la culture française les rendant sans doute plus enclins à se confier aux étrangers que nous sommes. Une sorte d’affinité linguistique pour s’affranchir des barrières culturelles.
Une belle soirée sans jugements, faite seulement d’échange de points de vue sur nos modes de vie respectives. Et pour tout vous dire, la France et la Chine ont beaux être des pays très différents, nos façons de penser ne le sont pas tant que ça.
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D’après eux, le principal problème de la Chine, c’est qu’ « on est trop nombreux ! ».
Ils en voient les conséquences directes : l’accès à l’université est soumis à un sélectivité d’enfer qui en laisse beaucoup sur le carreau, et on peut espérer passer son permis de conduire que un à 2 ans d’attente après s’être inscrit.
Mais Jia et Maxime ne sont pas toujours d’accord pour autant : ils sont tous deux épuisés par la frénésie des grandes villes chinoises comme Guangzhou, mais si l’un veut fuir la Chine au plus vite, l’autre proteste, considérant qu’ils se doivent de respecter leur gouvernement quand bien même ils n’en approuvent pas les décisions.
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Quand à la censure chinoise, ils ne savent pas trop qu’en penser.
Même si en ce moment, les commentaires sur Weibo (le facebook chinois) sont bloqués par le gouvernement, ils ont l’espoir que facebook soit bientôt accessible dans leur pays, avec tout l’accès aux informations et aux personnes du monde entier que cela représente à leurs yeux.
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Leur vision de la France s’est construite sur des « on-dit », faute de mieux
Sarkozy est « raciste et méchant » d’après le professeur français de Jia. Quant aux français, ce sont des gens qui aiment avoir beaucoup de vacances et beaucoup de loisirs, disent-ils, non pas d’un air accusateur mais plutôt envieux, en nous confiant que le rythme de vie en Chine est réellement trop éprouvant pour être supportable, tant le travail a une place prépondérante dans la vie de chacun.
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Ils nous parlent de « l’argent rouge ». Kezako ? Une anecdote pour comprendre :
« Mon père est professeur à l’université. La coutume veut que pour le nouvel an chinois, les parents d’élèves qui souhaitaient que leur fils soit scolarisé dans la classe de mon père me remettaient de l’argent rouge, à moi. Mais je ne devais pas le garder pour moi, c’était pour mon père. Je lui remettais des liasses d’enveloppes rouges pleines de billets. Y’en avait plein ! ».
Pour voir sa réaction, on lui confie qu’en France, on appelle ça des dessous de table, de la corruption, et que c’est interdit par la loi. Ce à quoi ils répondent « oui mais ici, c’est une tradition du nouvel an, tout le monde fait ça, dans tout le pays ». Nous on croyait que les enveloppes rouges, c’était comme les cadeaux de noël chez nous. Comme quand mamie te glisse un billet de 20€ et qu’il faut pas le dire aux parents. Mamie fait de la corruption ?
La soirée s’est terminée par une dégustation de saucisson français en apprenant des insultes en chinois.
Et quand le téléphone sonne et qu’aucun d’eux ne veut répondre à leur ami un peu collant, ils jouent à « pierre-feuille-ciseaux » pour savoir qui va décrocher. On vous l’avait dit, on est pas si différents.
Hugo & Lila, Rions Cantonais
^_^ la Lucky money
Haha, très bon article ! Et moi qui croyait naïvement que les enveloppes rouges renfermaient des cartes de voeux 🙂
Plus d’articles comme ça ! Très sympa à lire ! A plus.
Je ne suis pas certain que converser avec des chinois qui parlent français soit représentatif de la pensée chinoise…même si ça evait être un bon moment à passer!
Pourquoi ? Ca voudrait dire qu’à l’inverse, quand nous autres français on parle en anglais à un anglophone, il ne peut pas espérer qu’on soit représentatif de la pensée française, parce qu’on lui parle en anglais ?
Jia et Maxime sont de vrais chinois, natifs, c’est simplement qu’ils ont appris le français à l’école.
J’ai compris qu’ils étaient des natifs, mais ils se sont ouverts à une autre vision du monde en apprenant une langue comme la notre par rapport à ceux qui ne parlent que le cantonnais ou le mandarin ou à d’autre encore qui se servent peut être de l’anglais comme langue de travail…et je ne pense pas qu’une seule personne puisse être représentatif de la pensée d’un pays…Ton article est intéressant, il est juste un peu essentialiste…c’est aussi pour ce genre d’anecdoctes que ton blog a de la valeur!
Le fait qu’ils parlent francais ou non n’a rien a voir la dedans, clairement tout depend de l’education et de la pression de leur environnement (travail, ecole, famille…). Certains « jeunes chinois » sont tres conservateurs et ne risqueront pas de devoiler une autre facon de penser que celle du groupe, d’autres par contre cherchent a s’emanciper et a s’ouvrir au monde…ce qui m’etonne en lisant cet article c’est qu’ils se livrent sur ce qu’ils pensent « vraiment » juste apres vous avoir rencontres…generalement pour savoir ce que pense vraiment quelqu’un, surtout dans ce pays, il faut le connaitre depuis un moment.
Completement d’accord avec toi Nolwenn ! Et effectivement, nous étions étonné qu’ils se confient à nous aussi rapidement. Bon cela dit, on est du genre assez curieux à poser plein de question.
Tu vis en Chine Nolwenn visiblement ? Dans quelle ville ?
Au farwest! Urumqi, une petite bourgade du Xinjiang 😉
c’est vrai que dans la tête des jeunes chinois, on est plus ou moins dans l’angoisse du fait que la population chinoise est trop importante, du coup on a trop de pression pour le logement, l’éducation, la santé, l’emploi, l’environnement, les ressources naturels…
mais de l’autre coté, je ne me trompe pas, à titre d’exemple, l’intensité de la population chinoise par rapport à celle au Japon n’est pas »trop importante », donc je crois que c’est plutôt un problème de l’éducation et un modèle du développement économique (qui vont mal).
Le budget de l’éducation reste très faible, et dans les zones rurales notamment dans l’ouest de la chine, les étudiants sont trop pauvres, ils arrêtent leurs études très tôt, deviennent travailleurs immigrants dans l’est, alors ils ne sont pas très qualifiés et encore loin d’être créatif, ils suivent le modèle de PAS CHER, du coup souvent la qualité modeste, donc une valeur rajoutée faible et une mauvaise réputation de Made in China.
Mais une grande population doit-elle forcément une faiblesse? Pas nécessairement. Ces dernières années, on leur doit les premiers développements économiques chinois. Mais ce n’est pas du tout durable étant donné que le coût du développement est trop élevé et que c’est peu rentable… Alors qu’en France, juste par exemple, un produit fait à la main d’une bonne marque est considéré comme un produit fin, unique, parque qu’il implique un investissement important de main d’œuvre, du temps, d’une tradition des savoir-faire artisanaux…mais pourquoi pas les chinois? d’autant que c’est la population numéro un mondial…
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Moi ce qui m’intéresse c’est les insultes en chinois que t’as appris ^^
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